Mercredi 15 décembre 2010 à 0:12

Quand j’étais petit, ma mère était la chose la plus importante au monde. Pour lui faire plaisir, j’aurais fait n’importe quoi. Même des trucs idiots (surtout des trucs idiots). Je ne l’ai vu que 4 fois pleurer dans ma vie. Et je m’en souviendrai jusqu’à la fin de celle-ci.

Quand j’étais petit, la Guadeloupe était en France. Géographiquement.  J’ai eu du mal à comprendre pourquoi ca marchait pas quand j’appelais le numéro de Dorothée pour « allo  à l’huile ».

Quand j’étais petit, les livres étaient ma famille, mes amis, mes professeurs et ma télé.  Je ne me sentais en sécurité qu’avec quelque chose à lire dans les mains. Ma tête  était pleine de mousquetaires, de pirates, d’extraterrestres et de monstres. De damoiselles à sauver et de méchants à pourfendre. A partir de 3 ans, je n’ai plus passé une journée sans lire. Dans les fêtes familiales, quand tout le monde était en train de danser, je dévorais les Astérix de mon cousin, planqué dans le grenier. 

Quand j’étais petit, ma mère m’a offert un livre de mythologie grecque, avec fiches détaillées des dieux. J’étais tellement fan qu’un jour, on m’a demandé quelle était ma religion et j’ai répondu « Hellene ».  Remarquez, entre un dieu qui ouvre des mers et un autre qui choppe des filles en se transformant en aigle ou en taureau…….

Quand j’étais petit, ma mère travaillait très tôt, elle partait à 5h et quelques du matin, alors j’avais toujours des nourrices. J’en ai vu passer plein. Certaines super gentilles, dont je ne me rappelle plus les noms, mais dont le visage et surtout le sourire plane devant mes yeux. D’autres trainent aussi dans ma tête, mais parce qu’elles me faisaient peur. Peut être pas mal, mais très peur (elles étaient méchantes, comme dans les films à la télé).

Quand j’étais petit, j’étais toujours le plus petit, en âge et en taille. En plus, j’étais nul en sport et considéré comme surdoué. Donc j’étais tout seul, parce que j’étais encore un gamin quand tout le monde grandissait. A force de toujours être au ban des classes, j’ai appris à rester seul. Et j’ai découvert que c’était bien, en fait. On a pas vraiment besoin des gens. Juste de leur utilité.

Quand j’étais petit, la vie avait la charte graphique d’une chanson de Brel. Un mélange perpétuel  de gris, de rouge  et de brun, comme dans les vieux films d’espionnage des années 60. Ca venait un peu de tout. Bois sur les murs, et dans les meubles. Gris dans les têtes et les nuages. Rouge sur la table et sur le sourire de ma mère.  C’était du aussi à la musique que j’écoutais, allongé sur la moquette en lisant des livres trop vieux pour moi, ma mère chantonnant ou lisant à coté de moi.  Un jour, j’habiterai dans un chalet en bois  avec une énorme cheminée en pierre grise et pleins de fauteuils rouges.

Quand j’étais petit, je n’avais ni Papa, ni Mamie, ni Papy, ils étaient tous morts  avant que je naisse. Alors je m’en inventais. Surtout quand je devais me battre, pour qu’ils leur tapent dessus, parce que forcement, mon papa, il était le plus grand du monde. Il était aviateur ou astronaute. Ca m’a fait bizarre quand on m’a dit qu’il était prof de math (j’aimais déjà pas les math)

Quand j’étais petit, je détestais ma sœur. J’étais sur qu’elle avait été adoptée. D’un autre coté, j’étais sur de venir de Jupiter.  On se tapait tout le temps dessus. Elle gagnait tout le temps. C’est nul les filles, ca grandit trop vite (heureusement que ca arrête vite ^^).  Depuis, on s’appelle même au téléphone pour papoter. Mais c’est toujours nul, les filles.

 

Quand j’étais petit, je voulais devenir naturaliste pour sauver les baleines et les loups. Pour nager avec les phoques et caresser la langue d’un orque. Je voulais observer les lions et les élans, et voyager partout. Je suis presque naturaliste maintenant. Mais ils ne voyagent plus, on trouve tout sur internet ou en passant un coup de fil.

Quand j’étais petit,  j’étais grossier. Très grossier. Je disais des gros mots toute la journée. Mais ce n’était pas ma faute. Ma mère passait du Brassens toute la journée et je comprenais tous les mots. Fallait bien que je les utilise. Un mot mort fait une langue morte. Et le latin, c’était moche.

Quand j’étais petit, je croyais à tout : fée, sorcière, démons, anges, vampires, loup-garou etc…. sauf une chose : le père noël. D’abord, c’était pas crédible, en plus, j’avais jamais ce que je voulais pour noël, seulement des encyclopédies ou des chemises. Comme ce qu’achèterait ma mère.

Quand j’étais très très petit, ma mère m’a offert un Amstrad cpc. A 3 ans à peine,  j’ai découvert les jeux vidéo juste après avoir appris à lire. Je me demande à quoi aurait ressemblé ma vie si elle m’avait offert des rollers ou un vélo à la place.

 

Quand j’étais petit, j’étais un garçon rêveur et trop sérieux. Je le suis encore. Dommage.

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